“Quand on leur propose de réaliser un bilan de santé au centre d’examen, dans le cadre d’une nouvelle embauche par exemple, les gens sont réticents, méfiants. Ils redoutent le flicage dans leur vie. Comment changer ce regard défiant sur cet acte de prévention essentiel et gratuit ?”
Les enjeux du film
Face à cette problématique que me soumettait mon interlocuteur de la CPAM de Chambéry lors de notre premier contact pour échanger sur leur projet, la réflexion qui me vint à l’esprit fut la suivante :
Il faudrait déjà comprendre les causes des réticences des personnes par rapport à cet examen de santé : que redoutent-ils tant ?
Grâce à la richesse de nos échanges, ce questionnement me permit de trouver le point de vue du film que j’allais développer : la vision subjective d’un jeune convoqué pour un bilan de santé à l’occasion d’une embauche professionnelle récente. En partageant ses pensées, ainsi que des bribes de son quotidien sous forme de flashs, les spectateurs pourraient s’identifier à lui, et le rejoindre dans ses interrogations et ses craintes par rapport à cet examen; avant d’être finalement rassurés, comme le personnage, sur le déroulement et la confidentialité de ce bilan. Afin de bien insister sur la nécessité du regard bienveillant extérieur des professionnels en matière de santé, j’ai ainsi voulu opposer la vision subjective que le personnage a de lui même, et la réalité d’un comportement à risque sur lequel il fait jusqu’à présent la sourde oreille : l’écoute de la musique à fort volume dans les écouteurs.
Cette ébauche a été mise en forme dans un premier SYNOPSIS (cliquer sur le lien pour le voir).
Documentaire ou fiction ?
En raison des contraintes du projet en terme de délais de livraison très courts, de disponibilité des locaux de la CPAM pour le tournage, et de la durée brève envisagée pour le métrage, l’approche documentaire semblait difficile : il fallait pouvoir aller vite dans l’exposition du personnage, et voir très rapidement l’évolution de son attitude au cours des différents examens, en le faisant passer de la méfiance à l’écoute attentive.
Afin de répondre à ces contraintes, le court-métrage narratif semblait donc la meilleure solution !
LA PRE-PRODUCTION
SCENARIO
Après une période de documentation sur la nature des examens proposés au centre de la CPAM de Chambéry, j’ai développé assez rapidement un scénario d’environ 5 pages à partir de cette première trame narrative (une page par minute de film environ). Le cahier des charges du projet de ce court-métrage nous demandait de montrer les vrais lieux, ainsi que les conditions réelles des examens. Une approche réaliste qui justifiait donc de passer un certain temps en étude documentaire.
Voir le SCENARIO du projet CPAM
STORY-BOARD
Une fois validé avec notre client, ce scénario a servi de base à un travail minutieux de story-board réalisé par nos soins. Un story-board est une prévisualisation dessinée des plans du film, détaillant l’action qui s’y déroule ainsi que les axes et les mouvements de caméra. Ce précieux document a plusieurs objectifs : il permet au client de se faire une idée du futur film avant même que la moindre image ne soit tournée. Il esquisse un style visuel et suggère un rythme. Sur le tournage, le story-board sert de document de communication entre les membres de l’équipe technique qui peuvent s’y référer pour mettre en place le plan. Dans le cas de plannings de tournage serrés, il permet surtout de gagner du temps et d’éviter les erreurs de mise en scène lorsque le tournage n’est pas chronologique (raccords entre les plans, raccord lumière, directions des personnages, etc.)
Depuis mes premiers exercices filmiques amateurs, j’ai toujours dessiné des story-boards : ils font partie intégrante de mon processus de visualisation. Dans le cas de ce projet de court-métrage pour la CPAM, leur réalisation était indispensable au regard du temps de tournage très court dont nous disposions dans les locaux du Centre d’examen de Santé : une journée seulement pour réaliser l’intégralité des prises de vue du film avec une équipe technique réduite. Et comme le délai de livraison du film était lui aussi serré, nous n’avions pas le droit à l’erreur. Impossible d’organiser une journée de prise de vues additionnelle au cas où. Tout devait donc être prêt.
Voir le STORY-BOARD du projet CPAM
CASTING
Pas de film sans acteurs ! Le casting des différents rôles est une des phases clefs de la pré-production. Investis depuis longtemps dans différents réseaux professionnels et semi-pro de la Savoie, Haute-Savoie et Isère, nous avons pu trouver très rapidement les comédiens qui allaient donner vie aux personnages imaginés dans le scénario du court-métrage.
AUTORISATIONS
Notre scénario prévoyait également de la figuration afin de restituer la réalité de la salle d’attente du centre d’examen. Deux employés du centre d’examens de la CPAM Chambéry se sont portés volontaires pour une 1ère apparition à l’écran ! Même brève, cette intervention à l’image de personnes physiques non professionnelles doit être encadrée par un document qui atteste que nous pouvons utiliser librement leur image dans le cadre de l’exploitation du court-métrage sur ses différents supports de diffusion. Cette autorisation de tournage et de diffusion est un des documents incontournables à prévoir lors de la pré-production de tout film, documentaire, reportage, clip…
De même, filmer sur une propriété privée ou publique nécessite également une autorisation. Nous avions donc sollicité préalablement l’accord du directeur de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, en lui communiquant les lieux, date, et horaires de tournage de ce court-métrage.
DEPOUILLEMENT
Si le scénario est le document narratif de base du film permettant de raconter l’histoire, décrivant l’action et les dialogues, il est aussi le document de référence permettant de recenser tous les éléments nécessaires au tournage : acteurs, figurants, accessoires, costumes, matériel d’éclairage, matériel technique pour réaliser les mouvements de caméras, etc. Cette phase de pré-production s’appelle le dépouillement. Un bon dépouillement permet de créer une checklist de tout ce qui doit être présent sur le plateau le jour du tournage, afin que tout se déroule de façon fluide. Dans le cas de notre projet, la liste était relativement simple, mais nous n’avons pas dérogé à cette étape préparatoire.
Voir LA FEUILLE D’ACCESSOIRES du projet CPAM
PLANNING
Une bonne organisation du planning du jour est aussi un élément déterminant de la réussite d’un tournage. Sur ce court-métrage, nous devions mettre “en boîte” les 43 plans prévus par le scénario et le story-board sur une seule journée de tournage : un véritable défi pour la petite équipe de Chercheur d’images !
Voir LE PLANNING DE TOURNAGE du projet CPAM
LA PRODUCTION
UNE EQUIPE REDUITE, DES COMPETENCES PLURIELLES
Grâce à toute cette préparation intense et au professionnalisme de toute l’équipe, dont les membres n’hésitaient pas à endosser plusieurs casquettes, le tournage du court-métrage s’est déroulé dans des conditions très agréables : sans pression et sans problèmes techniques.
Cumulant moi-même les rôles de réalisateur et de cadreur, mon objectif principal était de ne pas me laisser déconcentrer par les difficultés techniques inhérentes au tournage, ce qui aurait risqué de me faire perdre mon sens critique sur la justesse d’interprétation du personnage principal sur qui reposait tout l’enjeu du métrage. Pour limiter cette difficulté, le planning avait été conçu dans un ordre quasi chronologique, ce qui permettait au comédien d’évoluer naturellement d’un état à un autre, sans trop d’efforts.
De mon côté, afin de rester le plus possible dans ce rôle sensible qui est celui du metteur en scène, je m’étais donc préparé des notes qui me permettaient d’indiquer rapidement aux acteurs leur état d’esprit et les nuances nécessaires à apporter aux rôles, en fonction du planning de tournage des séquences et des plans.
Le travail en équipe réduite nécessite d’avoir une grande confiance dans ses collaborateurs. Ayant la chance d’avoir un frère ingénieur du son diplômé de l’ENS Louis Lumière, avec qui nous partageons depuis l’enfance la même passion pour le cinéma, c’est en toute sérénité que j’ai pu lui confier la responsabilité de la partie audio du tournage.
Grâce aux efforts déployés durant la préparation méticuleuse menée en amont, au talent de chacun, au travail d’équipe efficace sur le tournage et à l’aide précieuse de nos interlocuteurs de la CPAM avec qui nous avions noué une vraie relation constructive au service de leur projet, la cerise sur la gâteau fut de terminer la journée EN AVANCE sur l’horaire prévu par notre planning. Un grand soulagement et une grande fierté !
LE TOURNAGE EN IMAGES
LA POST-PRODUCTION
Le mystère de la chambre noire
Après la fébrilité d’un tournage à l’extérieur, le retour au calme à Aix-les-Bains, dans l’atelier de Chercheur d’images pour numériser et visionner les rushs est un moment privilégié et jubilatoire : il y a une excitation et une joie presqu’enfantine à être le premier spectateur des images que l’on a tournées ! Cette première impression est TRÈS précieuse, car elle est intuitive, spontanée. A ce stade, l’on décèle instinctivement ce qui fonctionne ou non. Au cours du travail de montage, nous allons voir et revoir parfois des centaines de fois les mêmes images, les mêmes plans, les mêmes enchaînements : nous serons alors plus dans l’analyse et la rationalité par rapport à la vision d’ensemble du projet. Au détriment de la sensibilité à la justesse d’une émotion qui passe en une fraction de seconde au détour d’un plan… Aussi, la première impression est souvent la bonne.
Une fois les prises de vues triées selon un classement logique au sein du logiciel de montage (bonne, à jeter, prise de secours, variante, etc), le travail de puzzle du montage peut commencer. Avec un projet bien préparé et storyboardé comme celui de la CPAM, ce travail d’édition fut cependant grandement accéléré car tout était déjà prévu sur le papier : de l’ordre des séquences à l’enchaînement des plans. Il n’y avait plus qu’à suivre la “feuille de route” et concentrer son effort sur le rythme interne du film, en ajustant la durée des séquences.
Petit comparatif entre storyboard et plans filmés : CLIQUEZ ICI pour voir l’intégralité de l’extrait
Le son fait 50% de l’expérience du cinéma
Sur ce projet, le budget alloué m’a permit de faire réaliser la post-production audio par mon frère Thibaud Guichardan, ingénieur du son diplômé de l’ENS Louis Lumière. Nous avons ainsi effectué dans son home studio savoyard des enregistrements additionnels de voix in et off interprétées par une des actrice du film et deux autres comédiens. Thibaud s’est ensuite chargé d’effectuer le montage son des différentes pistes avant de réaliser le mixage audio final. Notre client ayant souhaité disposer d’une bande son originale pour son projet, Thibaud a mis en oeuvre ses talents de compositeur de musique à l’image en écrivant les deux scores qui illustrent le film.
Faire les gros titres
Afin de finaliser la première version du court-métrage en vue d’une présentation client, il fallait enfin concevoir la partie graphique de “l’emballage”, à savoir les titres, sous-titres et génériques ouvrant et fermant le métrage. Dans la majorité des cas, nos clients nous fournissent leur logo ou leur visuel sous forme de fichier graphique, prêt à être intégré. Ce fut le cas pour l’Assurance Maladie. J’ai ensuite imaginé et réalisé sous After Effect (Adobe) l’animation de la superposition de leur logo à la façade de l’immeuble.
“Coupez !”
La première version du court-métrage que nous avons présentée et visionnée avec notre client faisait environ 7 mn. Comme nous avions noués en amont une véritable relation de collaboration en bonne intelligence, avec une communication nourrie autour du projet, il n’y eut pas de surprise. La projection fut bien accueillie et répondait bien aux objectifs fixés. Deux points d’amélioration restaient cependant en suspend : destiné à être projeté dans un créneau horaire bien formaté, le court-métrage ne devait pas dépasser les 5mn montre en main. Il fallait donc gagner du temps sur son montage. Le rythme global étant assez lent, il fut assez aisé de raccourcir tout un ensemble de plans de quelques secondes, afin d’obtenir la durée souhaitée. Le montage son fut évidemment retravaillé en conséquence.
We’ll fix this in post…
Le deuxième point d’amélioration se révéla plus inattendu et plus technique à résoudre : notre client remarqua, au détour d’un plan de la scène du test auditif, des accessoires oubliés sur un chariot métallique visible dans le champ de la caméra. Il s’agissait de simples gobelets en plastique blanc ayant servi à désaltérer nos comédiens. Son verdict fut formel : il fallait soit recommencer le plan, soit l’enlever du montage, soit effacer les gobelets. Rien ne devait traîner dans les salles d’examens. Question d’image.
Les délais de livraison étant très courts, il était hors de question de recommencer le tournage de cette scène. La simple organisation d’une matinée de prise de vue supplémentaire avec les deux comédiens en fonction des disponibilités de planning du centre d’examens de santé aurait été un véritable casse-tête. Enlever le plan du montage ? Pourquoi pas, mais il aurait manqué une interaction capitale entre les deux comédiens : le moment de la suspicion d’un problème auditif chez le personnage principal. Cette information aurait peut-être été moins claire si ce plan venait à manquer.
Restait la solution de la retouche numérique pour effacer ces objets indésirables. Amateur éclairé et passionné par les trucages digitaux depuis les balbutiements de cet art, puis formé aux métiers de l’infographie et de l’image 3D au cours d’une partie de mon cursus, cette approche était de loin la plus logique et la plus économique. Mais j’avais quelques réticences, de part la nature même du plan filmé : la caméra était en mouvement, ce qui changeait légèrement la perspective des objets. Et ce film était mon premier tournage en HD, filmé avec un DSLR. Ce travail était-il réalisable dans les temps?
Mais après quelques tests effectués avec After Effect (Adobe) et une mise à niveau technique sur le logiciel de suivi de mouvements MOCHA (Imagineer System) au moyen de tutoriaux, je réussis à m’acquitter de cette tâche avec une certaine facilité. Les verres disparurent, et la nouvelle mouture du film fut approuvée dans sa version plus courte.
Le court-métrage fut aussi projeté sur le grand écran de la salle du Manège, à Chambéry, lors d’une journée organisée par la CPAM Savoie. Il reçut bon accueil, et fut ensuite diffusé sur le site Amelie.fr
Chez Chercheur d’images, nous pouvions passer sereinement à un autre projet.
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Laurette RUBEAUD - CPAM Chambéry, SavoieL'ensemble du personnel de la CPAM a pu visionner le film, ainsi qu'un groupe de jeunes : les retours sont très positifs.
Je n'hésiterai pas à vous recontacter si nous avons des besoins de communication par l'image. Merci pour votre professionnalisme !